Lettre d'un militaire à propos de CHARLIE


          Envoyé par M. H. Jolivet

          Je reconnais que l'affaire Charlie Hebdo m'a traumatisé. En effet, ce matin, mes chers camarades, je me suis réveillé angoissé. Je me suis immédiatement ausculté avec attention (et une certaine appréhension), pour vérifier si, comme je le lis partout et comme il se doit, je n'étais pas devenu un Charlie...
          Cet examen m'a rassuré, je ne suis définitivement pas un Charlie!

          En effet, je ne considère pas que la mort de ces quatre dessinateurs est plus tragique ou plus injuste que celle de nos 102 camarades tombés en Afghanistan, Mali et Centrafrique. Chacun faisait son boulot, avec les risques qui y étaient liés. J'aurais aimé voir une telle mobilisation de nos bien-pensants sur le pont Alexandre III ou dans la cour des Invalides à chaque rapatriement de la dépouille d'un de nos soldats. Ce jour là, oui, je suis un Para, un COS, un Marsouin, un Légio. Pas besoin de m'ausculter au réveil. (Je n'ai pas compté mais je pense que nos quatre zozos cumulent plus de jours de deuil national que nos 102 héros réunis)

          Deux différences majeures toutefois:
           - nos camarades soldats n'avaient jamais craché sur la France, son histoire et ses institutions comme l'ont fait avec gourmandise nos quatre dessinateurs pendant les 50 dernières années.
           - Nos soldats étaient préparés à leur fin tragique, qui fait malheureusement partie du contrat. Nos dessinateurs, après cinquante ans à insulter et trainer dans la boue les démocrates purs et mous, les Catholiques, les militaires, les policiers, les patriotes sans aucune réaction à part tendre l'autre joue, ne pouvaient imaginer à quel point certains partisans du prophète pouvaient manquer d'humour face à leurs "innocentes" caricatures. Confortablement vautrés dans leur fosse d'aisance depuis tant de temps, ils ne pouvaient donc être au top lorsque deux mauvais coucheurs sont entrés de fort mauvaise humeur dans la salle de rédaction. C'est ballot! Comme me le faisait remarquer un de nos camarades en diffusion, l'extrème-gauche vient de découvrir avec stupéfaction qu'elle n'avait plus le monopole de l'attentat et de l'assassinat ciblé. Tout se perd, ma bonne dame! C'est la faute à la mondialisation et à l'hyper-libéralisme. Ayons à cette occasion une pensée pour l'Ingénieur Général Audran, François Besse, Gabriel Chahine, Aldo Moro, Hanns-Martin Schleyer et toutes les autres victimes d'Action Directe, Brigades Rouges et autre Rote Armee Fraktion.

          Certes, m'explique-t-on, mais, au-delà de l'assassinat de ces quatre (auto-proclamés) journalistes, c'est la liberté d'expression qu'on attaque et donc la démocratie. Oui da, j'en conviens aisément. D'ailleurs, l'indignation générale n'est-elle pas aussi bruyante que celle à laquelle nous avons failli assister lors du limogeage d'Eric Zemmour, notamment de la part de ses collègues journalistes? Liberté d'expression me disiez-vous? Hein, quoi, ha, ce n'est pas comparable? Je n'ai donc rien compris. Moi qui croyais qu'il s'agissait d'un principe intangible hérité des Lumières, j'apprends que, comme en aviation, la liberté d'expression dispose de la géométrie variable...
          Que Saint Michel veille sur notre Patrie, Elle en a bien besoin.
          Adjt G L